Apreciaciones Primaverales
por Paul Verlaine
Hay días — ¿lo has notado?
en que uno se siente más ligero que un pájaro,
más joven que un chiquillo, y, más alegre
que la propia alegría de un adolescente.
Recordamos sin acordarnos del todo…
Evidentemente soñamos; también no, aun así.
Parece que nadamos, de igual forma creemos volar.
Amamos ardientemente sin amor, no obstante,
tan ligero es el corazón bajo ese cielo despejado.
Y a medida que avanzamos, confiamos, llenos de fe
en los demás, a los que engañamos con esa apariencia
de ser engañados amablemente de manera natural.
La vida es buena, pero queremos morir
a pesar de no tener miedo al mañana.
Un anhelo indeciso va floreciendo,
se diría, con el corazón más o menos humano.
¡Pobre de mí! ¿Necesario es que muera esta dicha?
¡Que mueran más bien la vida y su tormento!
Oh dioses misericordiosos libradme del infortunio,
de perder para siempre un momento tan encantador.
Impressions de printemps
pour Paul Verlaine
Il est des jours — avez-vous remarqué ?
Où l’on se sent plus léger qu’un oiseau,
Plus jeune qu’un enfant, et, vrai ! plus gai
Que la même gaieté d’un damoiseau.
L’on se souvient sans bien se rappeler…
Evidemment l’on rêve, et non, pourtant.
L’on semble nager et l’on croirait voler.
L’on aime ardemment sans amour cependant,
Tant est léger le cœur sous le ciel clair
Et tant l’on va, sûr de soi, plein de foi
Dans les autres, que l’on trompe avec l’air
D’être plutôt trompé gentiment, soi.
La vie est bonne et l’on voudrait mourir,
Bien que n’ayant pas peur du lendemain.
Un désir indécis s’en vient fleurir,
Dirait-on, au cœur plus et moins qu’humain.
Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ?
Meurent plutôt la vie et son tourment !
Ô dieux cléments, gardez-moi du malheur
D’à jamais perdre un moment si charmant.
Paul Verlaine
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