guillaume apollinaire
Le poème Le Brasier est extrait du recueil Alcools, de Guillaume Apollinaire.
Le Brasier est le premier poème d’une suite de trois poèmes de Apollinaire parue en mai 1908 sous le titre initial «Le Pyrée» (nom de l’autel du feu, chez les Perses), qui deviendra «Le Brasier» dans la version définitive.
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Le Brasier
J’ai jeté dans le noble feu
Ce Passé ces têtes de morts
Flamme je fais ce que tu veux
Le galop soudain des étoiles
N’étant que ce qui deviendra
Se mêle au hennissement mâle
Des centaures dans leurs haras
Et des grand’plaintes végétales
Où sont ces têtes que j’avais
Où est le Dieu de ma jeunesse
L’amour est devenu mauvais
Qu’au brasier les flammes renaissent
Mon âme au soleil se dévêt
Dans la plaine ont poussé des flammes
Nos coeurs pendent aux citronniers
Les têtes coupées qui m’acclament
Et les astres qui ont saigné
Ne sont que des têtes de femmes
Le fleuve épinglé sur la ville
T’y fixe comme un vêtement
Partant à l’amphion docile
Tu subis tous les tons charmants
Qui rendent les pierres agiles
JE flambe dans le brasier à l’ardeur adorable
Et les mains des croyants m’y rejettent multiple
[innombrablement
Les membres des intercis flambent auprès de moi
Éloignez du brasier les ossements
Je suffis pour l’éternité à entretenir le feu de mes délices
Et des oiseaux protègent de leurs ailes ma face et le soleil
Ô Mémoire Combien de races qui forlignent
Des Tyndarides aux vipères ardentes de mon bonheur
Et les serpents ne sont-ils que les cous des cygnes
Qui étaient immortels et n’étaient pas chanteurs
Voici ma vie renouvelée
De grands vaisseaux passent et repassent
Je trempe une fois encore mes mains dans l’Océan
Voici le paquebot et ma vie renouvelée
Ses flammes sont immenses
Il n’y a plus rien de commun entre moi
Et ceux qui craignent les brûlures
Descendant des hauteurs où pense la lumière
Jardins rouant plus haut que tous les ciels mobiles
L’avenir masqué flambe en traversant les cieux
Nous attendons ton bon plaisir ô mon amie
J’ose à peine regarder la divine mascarade
Quand bleuira sur l’horizon la Désirade
Au-delà de notre atmosphère s’élève un théâtre
Que construisit le ver Zamir sans instrument
Puis le soleil revint ensoleiller les places
D’une ville marine apparue contremont
Sur les toits se reposaient les colombes lasses
Et le troupeau de sphinx regagne la sphingerie
À petits pas Il orra le chant du pâtre toute la vie
Là-haut le théâtre est bâti avec le feu solide
Comme les astres dont se nourrit le vide
Et voici le spectacle
Et pour toujours je suis assis dans un fauteuil
Ma tête mes genoux mes coudes vain pentacle
Les flammes ont poussé sur moi comme des feuilles
Des acteurs inhumains claires bêtes nouvelles
Donnent des ordres aux hommes apprivoisés
Terre
Ô Déchirée que les fleuves ont reprisée
J’aimerais mieux nuit et jour dans les sphingeries
Vouloir savoir pour qu’enfin on m’y dévorât
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el brasero
a Paul-Napoléon Roinard
Arrojé al noble fuego
Que transporto y adoro
Manos vivas y cráneos
De un pasado difunto
Yo te obedezco llama
La estampida de los astros
Que sólo es metamorfosis
Se mezcla al viril relincho
Del vivero de centauros
Y alaridos vegetales
Dónde están mis cabezas de antaño
Dónde el Dios de mi juventud
Se ha estropeado el amor que renazcan
Las llamas del brasero
Mi alma al sol se desviste
Crecieron llamas en los prados
Y nuestros corazones cuelgan de limoneros
Las cabezas cortadas que me aclaman
Los astros desangrados
No son sino cabezas de mujeres
El alfiler del río
Como un vestido a la ciudad te fija
Y a ese Anfión obediente
Tú asumes los colores
Que hacen ágil la piedra
Me incendio en el brasero de ardor adorable
Al que me arrojan múltiple sin término las manos
[de los creyentes
Arden junto a mí los miembros de los intercisos
Yo basto para alimentar por la eternidad el fuego
[de mis delicias
Y los pájaros protegen con sus alas mi rostro y el sol
Oh Memoria cuántas razas de bastardos
Desde las Tindáridas hasta las víboras ardientes
[de mi dicha
Son acaso las serpientes los cuellos de los cisnes
Que eran inmortales y no cantaban
Se renueva ahora mi vida
Pasan y vuelven a pasar grandes naves
Una vez más hundo mis manos en el Océano
Aquí están el paquebote y mi vida renovada
Sus llamas son inmensas
Estoy solo en mi amistad con la quemadura
Desciende de las alturas donde la luz piensa
Jardines ruantes más altos que todos los cielos móviles
Y en llamas cruza el aire el porvenir enmascarado
Esperemos oh amiga hasta que quieras
Me atrevo apenas a mirar la divina farsa
Cuándo habrá de azulear en el horizonte La Deseada
Más allá de la atmósfera se eleva un teatro
Que el gusano Zamir construyó sin herramientas
El sol llenó otra vez de sol las plazas
De una ciudad marina que surgió sobre el monte
Palomas fatigadas reposaban en los techos
Y el rebaño de esfinges vuelve a la esfingería
Lentamente De por vida oirá el canto del pastor
El teatro de allá arriba se construyó con fuego sólido
Como los astros con que el vacío se alimenta
Y el espectáculo comienza
Yo estoy sentado en mi butaca para siempre
Mi cabeza mis rodillas mis codos vano pentáculo
Me crecieron llamas como hojas
Actores inhumanos claras bestias nuevas
Dan órdenes a hombres amaestrados
Tierra
Oh Desgarrada a quien los ríos han zurcido
Mejor eternizarme en las esfingerías
Aspirante al saber para que allí me devoren
traducción de
ULALUME GONZÁLEZ DE LEÓN
Guillaume Apollinaire
el brasero
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