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QUE DESCANSE EN REBELIÓN
En lo negro, en la noche será su memoria
en lo que sufre, en lo que rezuma
en lo que busca y no encuentra
en la lancha de desembarco que revienta en la playa
en la partida sibilante de la bala trazadora
en la isla de azufre será su memoria.
En aquél que tiene su fiebre en sí, a quien no importan
las paredes
En aquél que se lanza y sólo tiene cabeza contra las
paredes
en el ladrón no arrepentido
en el débil para siempre recalcitrante
en el soportal destripado será su memoria
En la ruta que obsesiona
en el corazón que busca su playa
en el amante cuyo cuerpo huye
en el viajero roído por el espacio.
En el túnel
en el tormento que gira sobre sí mismo
en el impávido que osa ofender el cementerio.
En la órbita inflamada de los astros que chocan
estallando
en el barco fantasma, en la novia ajada
en la canción crepuscular será su memoria.
En la presencia del mar
en la distancia del juez
en la ceguera
en la taza de veneno.
En el capitán de los siete mares
en el alma de aquél que lava la daga
en el órgano de cana que llora por todo un pueblo
en el día del escupitajo sobre la ofrenda.
En el fruto de invierno
en el pulmón de las batallas que se reanudan
en el loco en la chalupa.
En los brazos torcidos de los deseos para siempre
insatisfechos será su memoria.
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QU’IL REPOSE EN RÉVOLTE
Dans le noir,- dans le soir sera sa mémoire
dans ce qui souffre, dans ce qui suinte
dans ce qui cherche et ne trouve pas
dans le chaland de débarquement qui crève sur la grève
dans le départ sifflant de la balle traceuse
dans l’île de soufre sera sa mémoire.
Dans celui qui a sa fièvre en soi, à qui n’importent les murs
Dans celui qui s’élance et n’a de tête que contre les murs
dans le larron non repentant
dans le faible à jamais récalcitrant
dans le porche éventré sera sa mémoire.
Dans la route qui obsède
dans le coeur qui cherche sa plage
dans l’amant que son corps fuit
dans le voyageur que l’espace ronge
Dans le tunnel dans le tourment tournant sur lui-même
clans l’impavide qui ose froisser le cimetière.
Dans l’orbite enflammée des astres qui se heurtent en éclatant
dans le vaisseau fantôme, dans la fiancée flétrie
dans la chanson crépusculaire sera sa mémoire.
Dans la présence de la mer
dans la distance du juge
dans la cécité
dans la tasse à poison.
Dans le capitaine des sept mers
dans l’âme de celui qui lave la dague
dans l’orgue en roseau qui pleure pour tout un peuple
dans le jour du crachat sur l’offrande.
Dans le fruit d’hiver
dans le poumon des batailles qui reprennent
dans le fou dans là chaloupe
Dans les bras tordus des désirs à jamais inassouvis sera sa
mémoire.
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HENRI MICHAUX
LA VIDA EN LOS PLIEGUES
traducción de VÍCTOR GOLDSTEIN
EDICIONES LIBRERíAS FAUSTO
Buenos Aires – 1976
LA VIE BANS LES PLIS
Éditions Gallimard
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