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[ezcol_1half]el trepanado
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La tranquilidad que se tiene en la vida (porque se la
tiene, y a veces tan larga que casi se desea la desgracia,
a tal punto uno se aburre de ella), la tranquilidad que
se tiene en la vida descansa en una confianza, que descansa
en confianzas, las cuales en suma descansan en
nuestra cabeza, a la que una experiencia limitada nos
induce a estimar sólida.
Pero un día, en ocasión de una viga que cae, mientras
el techo se viene abajo, bombardeándolo con un suplemento
de golpes, por otra parte inútiles, el cráneo muestra
lo que es, un objeto, y, entre los objetos, uno frágil.
Eso es lo que impacta en el momento (a los testigos)
A usted más tarde, y ya es otra cosa. En ese momento
no dice esta boca es mía. Y no bien un hombre realmente
no dice esta boca es mía, es de esperar que los otros
digan algo. Ellos se ocupan, se sobreocupan de usted.
«Intervienen», como se dice. Pero intervención o no, el
fracturado del cráneo bien, más tarde sabrá.
Tres días después, cuando, con el cráneo embaulado
de vendas, alza inseguro un párpado cansado, los médicos
y los ayudantes se congratulan. Pero él no se congratula.
El no congratula a nadie.
Hay un sitio en el cuerpo donde se vive preferentemente.
No el mismo en todos. Es natural. Pero es natural
que a muchos les guste estar en su cabeza. Ellos circulan,
por supuesto, vuelven a bajar, van de órgano en órgano,
de aquí para allá, pero les gusta volver a menudo a su
cabeza.
Eso es lo que el trepanado trata ele hacer inmediatamente,
pero un Segundo después de ese inmediatamente,
él sabe, siente, está seguro de que nunca podrá volver a
su cabeza, al menos ya no será para vivir realmente en
ella.
Sobre todo hay un sitio en su cabeza donde quisiera
ir, un sitio que conoce bien, sólo él, de donde veía venir
a los otros y a sus pequeñas cosas y de donde sabía frenarlos
cuando era necesario, muy suavemente, sin que
esto ocasionara demasiadas molestias!, un sitio ahora
perdido en ese gran vacío que se mueve y que duele,
Una guerra viene. Una guerra pasa. Antes de pasar
se desvive mucho. Se desvive enormemente. Así que es
natural que aplaste por aquí, por allá, algunos cráneos.
Eso es lo que se dice el trepanado. El no quiere piedad.
Sólo querría volver a su cabeza.
Ya sea de día, ya sea de noche, es un trepanado. Aunque
la luz más atenuada de la lámpara más suave ahora
le haga daño (porque todo lo que entra en la cabeza es
brutal cuando algo verdaderamente brutal entró en ella
una primera vez), tal vez la prefiera a la negrura en la
que uno sueña. Pero no es una verdadera preferencia.
Él no busca eso, busca, busca únicamente, busca incesantemente,
no busca más que volver a su cabeza.
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le trépané
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La tranquilité qu’on a dans la vie (car on en a, et parfois
tellement longue qu’on souhaite presque le malheur, tellement
on s’en ennuie), la tranquillité qu’on a dans la-vie, repose sur
une confiance, qui repose sur des confiances, lesquelles reposent
en somme sur notre tête, qu’une expérience limitée nous porte
à juger solide.
Mais un jour, à l’occasion d’une poutre de maison qui tombe,
cependant que le plafond crève, vous bombardant d’un supplément
de coups d’ailleurs’ inutiles, le crâne montre ce qu’il est,
un objet, et parmi les objets, un objet fragile. C’est ce qui
frappe sur le moment (les témoins) Vous, c’est pour plus tard
et c’est autre chose. En ce moment vous êtes coi. Et dès qu’un
homme est vraiment coi, il faut s’attendre que les autres le
soient d’autant moins. Ils s’occupent, se suroccupent de vous.
Comme on dit, «ils interviennent» Mais intervention ou non,
le fracturé du crâne bien, il saura plus tard.
Quand trois jours après, le crâne encoffré de bandages, il
Soulève incertain une paupière lasse, les médecins et les aides
se congratulent. Mais lui, il ne se congratule pas. Il ne congratule
personne,
Il y a un endroit en son corps où l’on vit de préférence.
Pas le même chez tous, C’est naturel. Mais il est naturel à
beaucoup d’aimer se tenir dans leur tête. Ils circulent, bien
sûr, redescendent, vont d’organe à organe, de-ci, de-là, mais
ils aiment retourner souvent dans leur tête,
C’est ce que le trépané essaie aussitôt de faire, mais une
seconde après cet aussitôt, il sait, il sent, il est assuré que
jamais il ne pourra remonter dans sa tête, du moins ce ne
sera plus pour y habiter vraiment.
Il y a un endroit surtout dans sa tête où il voudrait aller
un .endroit qu’il connaît bien, lui seul, d’où il voyait venir les
autres et leurs petites affaires et d’où il savait les freiner quand
il le fallait, tout doucement, sans qu’il en sortît trop d’ennuis,
un endroit perdu maintenant dans ce grand vide qui bouge
et qui fait mal.
Une guerre vient. Une guerre passe. Avant de passer elle se
dépense beaucoup. Elle se dépense énormément. Il est donc
naturel qu’elle écrase par-ci par-là quelques crânes, C’est ce
que le trépané se dit. Il ne veut pas de pitié. Il voudrait seulement
rentrer dans sa tête.
Que ce soit le jour, que ce soit la nuit, il est un trépané.
Quoique la lumière la plus atténuée de la lampe la plus douce
lui fasse mal à présent (car tout est brutal qui entre par la
tête quand quelque chose de vraiment brutal y est une première
fois entré), il la préfère peut-être au noir où l’on songe, Mais
ce n’est pas une vraie préférence.
Il ne cherche pas cela, il cherche, il cherche uniquement, il
cherche sans cesse, il ne cherche qu’à remonter dans sa tête.
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HENRI MICHAUX
LA VIDA EN LOS PLIEGUES
traducción de VÍCTOR GOLDSTEIN
EDICIONES LIBRERíAS FAUSTO Buenos Aires – 1976
LA VIE BANS LES PLIS
Éditions Gallimard
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