–
–
–
–
–
HENRI MICHAUX
–
LA VIDA EN LOS PLIEGUES
–
–
traducción de
VÍCTOR GOLDSTEIN
–
LA VIE DANS LES PLIS
Éditions Gallimard
–
–
la ametralladora de bofetadas
–
–
[ezcol_1third][/ezcol_1third] [ezcol_2third_end]
Fue en la vida de familia, como era de esperarse, donde realicé la ametralladora de bofetadas. La realicé sin haberla meditado. Repentinamente mi ira se proyectó fuera de mi mano, como un guante de viento que habría salido de ella, como dos, tres, cuatro, diez guantes, guantes de efluvios que, espasmódicamente, y terriblemente rápido, se precipitaron de mis extremidades manuales, corriendo hacia el objetivo, hacia la cabeza odiosa que alcanzarían sin demora.
Ese derrame repetido de la mano era sorprendente.
En verdad no era ya una bofetada, ni dos. Soy por naturaleza reservado, y no me abandono sino por el precipicio de la rabia. Verdadera eyaculación de bofetadas, eyaculación en cascada y a sobresaltos, en la que mi mano permanece rigurosamente inmóvil.
Ese día tomé contacto con la magia. Un sensible habría podido ver algo. Esa especie de sombra eléctrica que surge espasmódicamente de la extremidad de mi mano, concentrada y que se reconstituye en un instante. Para ser totalmente franco, la prima que se había burlado de mí acababa de abrir la puerta y salir, cuando dándome cuenta bruscamente de la vergüenza de la ofensa, respondí con retraso mediante una andanada de bofetadas que, verdaderamente, se escaparon de mi mano.
Había encontrado la ametralladora de bofetadas, si puedo decir, pero nada lo dice mejor. Luego, no podía ver ya a esa presuntuosa sin que bofetadas como avispas corrieran de mí mano hacia ella. Ese descubrimiento valía la pena de haber padecido sus odiosas declaraciones. Por eso, a veces aconsejo la tolerancia en el seno de la familia.
[/ezcol_2third_end]
–
–
la mitrailleuse à gifles
–
–
C’est dans la vie de famille, Comme il fallait s’y attendre, que je réalisai la mitrailleuse à gifles, Je la réalisai, sans l’avoir méditée. Ma colère tout à coup se projeta hors ma main, comme un gant de vent qui en serait sorti, comme deux, trois, quatre, dix gants, des gants d’effluves qui, spasmodiquement, et terriblement vite se précipitèrent de mes extrémités manuelles, filant vers le but, vers la tête odieuse qu’elles atteignirent sans tarder.
Ce dégorgement répété de la main était étonnant. Ce n’était vraiment plus une gifle, ni deux. Je suis d’un naturel réservé et ne m’abandonne que pour le précipice de la rage. Véritable éjaculation de gifles, éjaculation en cascade et à soubresauts, ma main restant rigoureusement immobile. Ce jour-là, je touchai la magie.
Un sensible eût pu voir quelque chose, Cette sorte d’ombre électrique jaillissant spasmodiquement de l’extrémité de ma main; rassemblée et se reformant en un instant. Pour être tout à fait franc, la cousine qui m’avait raillé venait d’ouvrir la porte et de sortir, quand réalisant brusquement la honte de l’offense, je répondis à retardement par une volée de gifles qui, véritablement, s’échappèrent de ma main.
J’avais trouvé la mitrailleuse à gifles, si je puis dire, mais rien ne le dit mieux. Ensuite je ne pouvais plus voir cette prétentieuse sans que gifles comme guêpes ne filassent de ma main vers elle. Cette découverte valait bien d’avoir subi ses odieux propos. C’est pourquoi je conseille parfois la tolérance à l’intérieur de la famille.
–
–
–
–
–
–
–
–
–
0 comentarios