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Marthe que ces vieux murs ne peuvent pas s’approprier, fontaine où se mire ma monarchie solitaire,

comment pourrais-je jamais vous oublier puisque je n’ai pas à me souvenir de vous:

vous êtes le présent qui s’accumule.

Nous nous unirons sans avoir à nous aborder, à nous prévoir comme deux pavots font en amour une

anémone géante.

Je n’entrerai pas dans votre cœur pour limiter sa mémoire.

Je ne retiendrai pas votre bouche pour l’empêcher de s’entr’ouvrir sur le bleu de l’air et la soif de partir.

Je veux être pour vous la liberté et le vent de la vie qui passe le seuil de toujours avant que la nuit ne

devienne introuvable.

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Marta, de quien estos viejos muros no pueden apropiarse, fuente donde se refleja mi monarquía solitaria,

como podría olvidarte alguna vez si no tengo necesidad de acordarme de ti:

eres el presente que se acumula.

Nos uniremos sin tener que abordarnos ni que prevernos, como dos adormideras forman en amor una

anémona gigante.

No entraré en tu corazón para limitar su memoria.

No retendré su boca para impedir que esté entreabierta sobre el azul del aire y la sed de partir.

Quiero ser para ti la libertad y el viento de la vida que pasa el umbral de siempre antes de que la noche

llegue a ser imposible de encontrar.

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RENE CHAR

FUROR Y MISTERIO

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Solo permanecen

Los leales adversarios

El poema pulverizado

La fuente narrativa

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Traducción de

SANTIAGO GONZALEZ NORIEGA y

CATALINA GALLEGO BEUTER

VISOR MADRID 1979

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NUMERO XCVI DE LA COLECCION VISOR DE POESIA

TItulo original: Fureur et mystère

Edit. Gallimard 1962

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Madrid 1979

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