–
–
–
Conclusión
.
—Señor Artaud, ¿para qué le sirvió esta Radiodifusión?
—En principio para denunciar cierto número de porquerías sociales oficialmente consagradas y reconocidas:
1º la expulsión del esperma infantil, cedido benévolamente por niños, con vistas a una fecundación artificial de fetos que aún no han nacido y que verán la luz dentro de un siglo o más.
2° para denunciar en ese mismo pueblo americano que ocupa toda la superficie del antiguo continente Indio, una resurrección del imperialismo guerrero de la antigua América que hizo que el pueblo indígena anterior a Colón fuera vilipendiado por toda la humanidad precedente.
3º —Señor Artaud, usted está diciendo cosas muy insólitas.
4º —Sí, digo algo insólito, digo que los Indios anteriores a Colón eran, contra todo lo que se pueda creer, un pueblo extrañamente civilizado, que conoció una forma de civilización basada en el principio exclusivo de la crueldad.
5º -¿Sabe usted qué es con exactitud la crueldad?
6º —De ese modo no, no lo sé.
7º —La crueldad consiste en extirpar por la sangre y hasta la sangre a dios, al azar bestial de la inconsciente animalidad humana en cualquier parte donde se lo pueda encontrar.
8º -El hombre, cuando no se lo reprime, es un animal erótico,
lleva adentro un temblor inspirado,
una especie de pulsación productora de bichos innumerables que constituyen la forma que los antiguos pueblos terrestres atribuían universalmente a dios.
Ello representaba lo que se denomina un espíritu.
Ese espíritu procedente de los indios de América prevalece, en la actualidad, bajo aspectos científicos que revelan una infecciosa influencia mórbida, un estado acusado de vicio, pero de un vicio que abunda en enfermedades
porque, pueden reírse todo lo que quieran,
lo que se dio en llamar microbios
es dios
¿saben ustedes con qué hacen sus átomos los rusos y los americanos?
Los hacen con los microbios de dios.
—Usted delira, señor Artaud,
usted está loco.
—No deliro,
no estoy loco.
Afirmo que se reinventaron los microbios para imponer una nueva idea de dios, encontraron un nuevo recurso para destacar a dios y atraparlo justo en su nocividad microbiana.
Se trata de clavarlo en el corazón,
Donde los hombres más lo aman,
bajo la forma de la sexualidad enfermiza,
en esa siniestra apariencia de crueldad mórbida que reviste cuando, como ahora, se complace en convulsionar y enloquecer a la humanidad.
Utiliza el espíritu de pureza de una conciencia que permaneció cándida como la mía para asfixiarla con todas las falsas apariencias que derrama universalmente en los espacios, de esta manera Artaud el momo puede representar el papel de alucinado.
—¿Qué quiere decir, señor Artaud?
—Quiero decir que encontré la forma de terminar de una vez por todas con ese impostor y también que si nadie cree ya en dios todo el mundo cree cada vez más en el hombre.
Ahora es preciso castrar al hombre.
—¿Qué? ¿Cómo?
Lo mire por donde lo mire, usted está loco, loco de remate.
—Llevándolo por última vez a la mesa de autopsias para
rehacerle su anatomía.
El hombre está enfermo porque está mal construido.
Tenemos que desnudar al hombre para rasparle ese microbio que lo pica mortalmente
dios
y con dios
sus órganos
Átenme si quieren,
porque no hay nada más inútil que un órgano.
Cuando ustedes le hayan hecho un cuerpo sin órganos lo habrán liberado de todos sus automatismos y lo habrán devuelto a su verdadera libertad.
Entonces podrán enseñarle a danzar al revés
como en el delirio de los bailes populares
y ese revés será su verdadero lugar.
.
[audio:conclusion.mp3].
Conclusion
.
-Et à quoi vous a servi, monsieur Artaud, cette Radio-diffusion?
– En principe à dénoncer un certain nombre de saletés sociales officiellement consacrées et reconnues:
1° cette émission du sperme infantile donné bénévolement par des enfants en vue d’une fécondation artificielle de foetus encore à naître et qui verront le jour dans un siècle ou plus.
2° A dénoncer, chez ce même peuple américain qui occupe toute la surface de l’ancien continent indien, une résurrection de l’impérialisme guerrier de l’antique Amérique qui fit que le peuple indien d’avant Colomb fut abjecté par toute la précédente humanité.
3° – Vous énoncez là, monsieur Artaud, des choses bien bizarres.
4°– Oui, je dis une chose bizarre, c’est que les Indiens d’avant Colomb étaient, contrairement à tout ce qu’on a pu croire, un peuple étrangement civilisé et qu’ils avaient justement connu une forme de civilisation basée sur le principe exclusif de la cruauté.
5° – Et savez-vous ce que c’est au juste que la cruauté?
6° – Comme ça, non, je ne le sais pas.
7° – La cruauté, c’est d’extirper par le sang et jusqu’au sang dieu, le hasard bestial de l’animalité inconsciente humaine, partout où on peut le rencontrer.
8° – L’homme, quand on ne le tient pas, est un animal érotique, il a en lui un tremblement inspiré,
une espèce de pulsation
productrice de bêtes sans nombre qui sont la forme que les anciens peuples terrestres attribuaient
universellement à dieu.
Cela faisait ce qu’on appelle un esprit.
Or, cet esprit venu des Indiens d’Amérique ressort un peu partout aujourd’hui sous des allures
scientifiques qui ne font qu’en accuser l’emprise infectieuse morbide, l’état accusé de vice,
mais d’un vice qui pullule de maladies,
parce que, riez tant que vous voudrez,
mais ce qu’on a appelé les microbes
c’est dieu,
et savez-vous avec quoi les Américains et les Russes font leurs atomes?
Ils les font avec les microbes de Dieu.
– Vous délirez, monsieur Artaud.
Vous êtes fou.
– Je ne délire pas.
Je ne suis pas fou.
Je vous dis qu’on a réinventé les microbes afin d’imposer une nouvelle idée de dieu.
On a trouvé un nouveau moyen de faire ressortir dieu et de le prendre sur le fait de sa nocivité microbienne.
C’est de le clouer au coeur,
là où les hommes l’aiment le mieux,
sous la forme de la sexualité maladive,
dans cette sinistre apparence de cruauté morbide qu’il revêt aux heures où il lui plaît de tétaniser et d’affoler comme présentement l’humanité.
Il utilise l’esprit de pureté d’une conscience demeurée candide comme la mienne pour l’asphyxier de toutes les fausses apparences qu’il répand universellement dans les espaces et c’est ainsi qu’Artaud le Mômo peut prendre figure d’halluciné.
-Que voulez-vous dire, monsieur Artaud?
-Je veux dire que j’ai trouvé le moyen d’en finir une fois pour toutes avec ce singe et que si personne ne croit plus en dieu tout le monde croit de plus en plus dans l’homme.
Or c’est l’homme qu’il faut maintenant se décider à émasculer.
– Comment cela?
Comment cela?
De quelque côté qu’on vous prenne vous êtes fou, mais fou à lier.
– En le faisant passer une fois de plus mais la dernière sur la table d’autopsie pour lui refaire son anatomie.
Je dis, pour lui refaire son anatomie.
L’homme est malade parce qu’il est mal construit.
Il faut se décider à le mettre à nu pour lui gratter cet animalcule qui le démange mortellement,
dieu,
et avec dieu
ses organes.
Car liez-moi si vous voulez,
mais il n’y a rien de plus inutile qu’un organe.
Lorsque vous lui aurez fait un corps sans organes, alors vous l’aurez délivré de tous ses automatismes et rendu à sa véritable liberté.
Alors vous lui réapprendrez à danser à l’envers
comme dans le délire des bals musette
et cet envers sera son véritable endroit.
.
–
Antonin Artaud
–
Conclusión
De Para terminar con el juicio de dios
Traducido por María Irene Bordaberry y Adolfo Vargas
Ediciones Caldén, Buenos Aires, 1975
–
0 comentarios