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Primeras impresiones
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Como de niño no quise jugar
con la arena de las playas
(terrible carencia de la que me resentí toda la vida)
ya, fuera de edad, me ha venido el deseo de jugar y,
en este momento, de jugar con los sonidos.
¡Vaya! Qué extraña cosa al principio,
esa corriente que
se manifiesta, ese líquido inesperado,
ese pasaje portador, en sí, siempre y que estaba.
Ya no reconocemos ningún entorno
(lo duro ha desaparecido.)
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Hemos dejado de tropezarnos con las cosas.
Nos convertimos en capitanes de un Río…
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Nos encontramos poseídos por una extraña
(y peligrosa)
tendencia a los buenos sentimientos.
Todo es cuesta. Los medios son ya paraísos.
No encontramos los frenos; o no tan deprisa como
encontramos lo maravilloso…
Ponemos en circulación una moneda de agua.
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Como una campana que anuncia una desgracia,
una nota,
una nota que sólo se escucha a sí misma,
una nota a través de todo,
una nota baja como una patada en el vientre,
una nota añosa,
una nota como un minuto que tuviera
que taladrar un siglo,
una nota sostenida a través
de la discordancia de las voces,
una nota como una advertencia de muerte,
una nota me avisa durante toda esa hora
–
En mi música, hay mucho silencio.
Hay sobre todo silencio.
–
Hay ante todo un silencio que tiene
que ocupar un lugar.
El silencio es mi voz, mi sombra, mi llave…
signo que
no me agota que en mí se nutre.
Se extiende, se despliega, me bebe,
me consume.
Mi enorme sanguijuela en mí se acuesta.
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Cuando nada llega, siempre hay tiempo
que llega,
tiempo
sin altibajos,
tiempo,
sobre mí,
conmigo,
en mi,
por mí,
pasando sus arcos dentro de mí que
me consumo
y espero.
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El tiempo.
El tiempo.
Yo me ausculto con el Tiempo.
Me palpo.
Me pego con el Tiempo.
Me seduzco, me irrito…
Me enredo,
Me sublevo,
Me transporto,
Me pego con el Tiempo…
–
Pájaro-pico.
Pájaro-pico.
Pájaro-pico.
¿Qué hago aquí?
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Llamo.
Llamo.
Llamo.
No sé a quién llamo.
A quien llamo no sabe.
Llamo a alguien débil,
alguien roto,
alguien orgulloso a quien
nada ha podido romper.
Llamo.
Llamo a alguien de allá,
alguien a lo lejos perdido,
alguien de otro mundo.
(¿Así que mi solidez era mentira?)
Llamo.
Ante este instrumento tan claro,
no es lo mismo que con mi voz sorda.
Ante este instrumento cantarín
que no me juzga,
que no me observa,
llamo, perdiendo toda verguenza, llamo,
llamo desde el fondo de la tumba de
mi infancia que se enfurruña y
se contrae aún,
desde el fondo de mi desierto presente,
llamo, llamo.
La llamada me asombra a mí mismo.
Aunque sea tarde, llamo.
Sobre todo para reventar mi techo.
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Para romper la tenaza tal vez,
para ahogarme tal vez,
ahogarme sin asfixiarme,
ahogarme mis piques,
mis distancias, mi inaccesibilidad.
Para anegar el mal,
el mal y los ángulos de las cosas,
y lo imperativo de las cosas,
y lo duro y lo calloso de las cosas,
y el peso y la acumulación de las cosas,
y casi todo de las cosas,
excepto el paso de las cosas,
excepto el fluido y el color y
el perfume de las cosas,
y el espesor y
la complicidad a veces de las cosas,
y casi todo del hombre y tanto de la mujer,
y mucho, mucho de todo y de mí también
mucho, mucho, mucho
–
… para que pase al fin mi torrente de ángeles
en paz, en fluido, me descompone.
Mis piedras, mi muela se descompone,
mi obstinado resistente se descompone
y me extiendo hasta el dolor de los demás.
Abandonando todo respeto humano,
tranquilizo, consuelo, sano,
resucito a la muerta, abro las puertas,
avanzo para bendecir,
hablo en nombre de todos.
Arco iris.
No más procesos.
Planto el árbol del pan.
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Premières impressions
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Ne m’étant pas, enfant, prété à jouer
avec le sable des plages
(manque désastreux dont je devais
me ressentir toute la vie),
il m’est venu, hors d’àge, le désir
de jouer et présentement
de jouer avec les sons.
Oh! Quelle étrange chose au début,
ce courant qui se révèle,
cet inattendu liquide,
ce passage porteur, en soi, toujours et qui était.
On ne reconnait plus d’entourage
(le dur en est parti).
On a cessé de se heurter aux choses.
On devient capitaine d’un FLEUVE…
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On est pris d’une étrange
(et dangereuse) propension
aux bons sentiments.
Tout est pente. Les moyens déjà sont paradis.
On ne trouve pas les freins; ou pas aussi vite
qu’on ne trouve le merveilleux…
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On met en circulation une monnaie d’eau.
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Comme une cloche sonnant un malheur,
une note,
une note n’écoutant quelle-mème,
une note à travers tout,
une note basse comme un coup de
pied dans le ventre,
une note agée,
une note comme une minute qui aurait
à percer un siècle,
une note tenue à travers le discord des voix,
une note comme un avertissement de mort,
une note, cette heure durant m’avertit.
–
Dans ma musique, il y a beaucoup de silence.
Il y a surtout du silence.
II y a du silence avant tout qui doit prendre place.
Le silence est ma voix, mon ombre, ma clef…
signe sans m’épuiser, qui puise en moi.
Il s’étend, il s’étale, il me boit, il me consomme.
Ma grande sangsue se couche en moi.
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Quand rien ne vient, il vient toujours du temps,
du temps,
sans haut ni bas,
du temps,
sur moi,
avec moi,
en moi,
par moi,
passant ses arches en moi qui me ronge
et attends.
–
Le Temps.
Le Temps.
Je m’ausculte avec le Temps.
Je me táte.
Je me frappe avec le Temps
Je me séduis, je m’irrite…
Je me trame,
Je me soulève,
je me transporte,
Je me frappe avec le Temps…
–
Oiseau-pic.
Oiseau-pic.
Oiseau-pic.
Qu’est-ce que je fais ici?
–
J’appelle.
J’appelle.
J’appelle.
Je ne sais qui j’appelle.
Qui j’appelle ne sait pas.
J’appelle quelqu’un de faible,
quelqu’un de brisé,
quelqu’un de fier que rien n’a pu briser.
J’appelle.
J’appelle quelqu’un de là-bas,
quelqu’un au loin perdu,
quelqu’un d’un autre monde.
(C’était donc tout mensonge, ma solidité?)
J’appelle.
Devant cet instrument si clair,
ce n’est pas comme ce serait avec
ma voix sourde.
Devant cet instrument chantant
qui ne me juge pas,
qui ne m’observe pas,
perdant toute honte, j’appelle,
j’appelle,
j’appelle du fond de la tombe de
mon enfance qui boude
et se contracte encore,
du fond de mon désert présent,
j’appelle,
j’appelle.
L’appel m’étonne moi-méme.
Quoique ce soit tard, j’appelle.
Pour crever mon plafond
sans doute surtout
j’appelle.
–
Pourquoi faut-il aussi que je compose?
Pour briser l’étau peut-étre,
pour me noyer peut-étre,
pour me noyer sans m’étouffer,
pour me noyer mes piques,
mes distances, mon inaccessible.
Pour noyer le mal,
le mal et les angles des choses,
et l’impératif des choses,
et le dur et le calleux des choses,
et le poids et l’encombrement des choses,
et presque tout des choses,
sauf le passage des choses,
sauf le fluide des choses,
et la couleur et le parfum des choses,
et le touffu et la complicité
parfois des choses,
et presque tout de l’homme,
et tellement de la femme,
et beaucoup, beaucoup de tout
et de moi aussi
beaucoup, beaucoup,
beaucoup
–
… pour que passe enfin mon
torrent d’anges.
Peu ici compose.
Tout le contraire,
m’y décompose,
en paix, en fluide, m’y décompose.
Mes pierres, ma dent y décompose,
mon obstiné résistant y décompose
et m’étends,
et m’étends à la peine des autres.
Làchant tout respect humain,
je calme, je console, je guéris,
je ressuscite la morte,
j’ouvre les portes,
j’avance pour bénir,
je parle au nom de tous.
Arc-en-ciel.
Plus de procès.
Je plante l’arbre à pain.
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Henri Michaux
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Primeras impresiones, 1949
De Passages (1937-1963)
katarsis-net.com.ar
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Este me ha dejado mudo,
no digo nada más que estropeo la entrada.
gracias
Ángel